Je me promenais avec ma bande dans les rues du quartiers. Tous habillés comme des rebelles, à vrai dire on faisait un peu peur à voir. J’étais en tête de troupe, plus fier qu’un paon. Je marchais de manière rapide, assuré, forte. Ma bande me suivait bien avec des yeux un peu admiratif mais je m’en contrefichait, ils me suivaient s’ils voulaient. Je mis une main dans mes cheveux teints noirs aujourd’hui les relevant de mes yeux sombres. Le quartier était calme aujourd’hui et nous n’avions pas rencontrés d’autres bandes donc aucune confrontation. A vrai dire je ne regardais jamais la météo, et quand l’averse tomba, la première chose que nous faisions était bel et bien de courir nous réfugier à la résidence ; nous étions synchronisés comme si les mêmes intentions traversaient le groupe entier. C’est ainsi que je franchis le seuil de la résidence le premier, secouant la tête pour évacuer une minimum d’eau de mes cheveux. J’ouvrais les yeux pour apercevoir une bande de filles plus loin qui nous regardaient. Un coup d’œil derrière me suffisait pour m’apercevoir que mes hommes fixaient les filles. OK, j’avais compris.

- Rendez-vous sur les toits ce soir, fis-je en soupirant déjà lassé. Je traversais le groupe de filles sans la moindre intention, en poussant même une de mon passage. J’étais quelqu’un de sauvage, je n’avais pas envie de me faire dompter. J’aimais mon indépendance, ma liberté, j’appréciais la présence de ma sœur à mes côtés. Tout cela me suffisait. Les femmes n’étaient que faiblesse pour les hommes. J’esquissais un soupir contraint en les voyant se précipiter sur les filles pour entamer une conversation.

Je marchais à présent dans les couloirs, mains dans les poches, tranquille. Je montais les étages un par un, passant devant les classes, les chambres, certaines ouvertes sur leurs habitants, mais je m’en fichais. Je me dirigeais vers mon territoire, dans l’aile Kikyo, sur les toits. Je montais aisément les derniers escaliers avant de pousser la porte en acier assez facilement, la refermant derrière moi, elle fit un « clong » sonore quand elle claqua. J’haussais les épaules et inspectait les lieux du regard, personne. Je souris enfin pour la première fois de la journée. ENFIN il n’y avait personne pour me déranger durant ma sieste. Je me dirigeais vers l’arrière cours et grimpait sur le toit, juste au dessus de la porte avant de m’y allonger et d’entamer une sieste bien méritée.

J’ignorais combien de temps je m’étais assoupis mais celui qui venait de me réveiller en faisant grincer la porte de la sorte allait recevoir de mes nouvelles. Je me redressais, et m’étirait silencieusement. J’essuyais mes yeux pour avoir la vue nette avant de me pencher de là où j’étais perché pour apercevoir la personne. Je cherchais une silhouette du regard avant de tomber sur elle. Je m’apprêtais à dire quelque chose mais quand elle tourna légèrement la tête, sûrement en train de visiter, quand je vis son visage, ma voix se mura dans le silence. J’ouvrais grand les yeux, un peu bouche-bée devant une pareille beauté. Oh putain de merde. Je mis une main dans mes cheveux pour balayer un peu la poussière dedans et décidait d’aller à sa rencontre. Je glissais du toit et atterrit sur mes pieds, devant la porte, dans le dos de la jeune fille. Je m’approchais d’elle lentement.

- Eh, c’est mon territoire ici. M’exclamais-je d’une façon neutre, mais la voix rauque en me postant à côté d’elle à une distance raisonnable. Mon regard se plantant vers le bas de la résidence, là où on voyait des élèves courir, s’amuser, etc. T’es perdue ou quoi ? Déclarais-je lentement en tournant mes yeux sombres dans les siens, j’attendais évidemment une réponse. Je l'observais en silence, m'apercevant qu'elle était encore plus mignonne de près que de loin.

Je la fixais longuement, elle semblait vraiment fragile et délicate. Un peu raffinée comme une gosse de riche en somme. Quand elle se tourna complètement vers moi, je fus quelques secondes intimidé par tant de beauté, elle était ravissante. Je détournais les yeux pour retirer ma pensée soudaine pour me concentrer sur ma sœur qui inonda en un instant mes réflexions.
- Ton territoire ? Je ne vois ton nom écrit nulle part. Répondit-elle avec hargne, oulala, ça présentait un caractère à la con que j’allais apprécier –ou pas. Je croisais les bras et me contentais de lui lancer un regard noir, car il est vrai que même si je m’étais attribué cet endroit pour mon gang, il est VRAI qu’officiellement il ne m’appartenait pas. J’eus un mauvais rictus en pensant qu’elle devait sûrement avoir raison, mais ma fierté me cloua le bec avant que je ne dise des conneries. Puis, elle continua sur sa lancée, me reprochant de ne pas m’être présenté. L’avait-elle fait elle avant de parler même si c’est moi qui était venu le premier à se rencontre ?
- On ne t'a jamais appris à dire bonjour et à te présenter avant de jouer à Cerbère ? Fit-elle en me regardant un peu de trop haut. J’eus un soupire agacé en faisant un pas vers elle, sourcils froncés, comme prêt à la frapper.
- Kei Iruka, chef du gang des Black Shadows, et ici c’est MON territoire baby. Et ne t’avise pas à t’en prendre à ma sœur sinon… Déclarais-je d’un coup, mais je fus coupé dans mon élan à cause de sa tirade, je reculais simplement en cherchant quoi dire. Comment ça elle parlait à la chef du bahut. P’tain, p’tain, c’est pas la merde ici mec, non non. Son petit accent américain me fit tiquer un peu, c’était… Comment dire. Tout à fait adorable. Je détournais aussi tôt la tête, la baissant pour ne pas qu’elle voit que ça ne me rendais pas indifférent. Quand je repris contenance, elle était déjà en train de partir. J’haussais les sourcils et fit deux pas à peine pour la rattraper, je la pris par son poignet pour la stopper et dès que ce fut fait, je la lâchais.
- Il me semble que faire des reproches c’est ton kiff, mais pour te les appliquer à toi même cela semble plus dur. J’attends ton nom. Demandais-je froidement en allant devant elle comme pour faire bouclier à la porte de sortie des toits. Le temps s’obscurcissait de nouveau promettant une future nouvelle pluie. Et moi je voulais savoir.